Fake Wonderland
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 Liens de Sang.

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MessageSujet: Liens de Sang.   Liens de Sang. Icon_minitimeMer 26 Sep - 22:26

Bon, petite présentation.

Liens de Sang est une histoire que j'écris présentement -et je vous avertis, j'écris pas vite- que j'avais commencé il y a deux-trois ans. Malheureusement, je l'avais perdue et mise de côté et il y a quelques semaines, je l'ai retrouvé dans le fond d'un garde-robe. xD
Bref, j'ai décidé de changer quelques noms de personnages et de la remettre à neuf!

Auteure: Scale
Date de création: 22 septembre 07
Genre: Fantastique, romance, drame (?), psychologique (?) ---[à compléter]
Classe: 13 +, R, V
Avertissement: Ce roman comporte des scènes fréquentes d'homosexualité. Je ne suis pas responsable de vos réactions sur les effets apportés de votre lecture.
Mot de l'auteure: Ce roman devra être beaucoup travaillé et très réfléchis. Je compte le faire aussi long que je le peux et l'histoire ainsi que les personnages m'appartiennent. Merci de ne pas voler/copier. Bonne lecture!


Petit Index
Broken Valley: La ville natale de Sam, le personnage principal.
Blackwood: Le nom de la forêt qui s'étend sur Brokheart.
La contée Brokheart: Le ''monde'' où se situe l'histoire.


Voilà!
Bonne lecture! ^^
<3
C'est mauvais, okay? xD


Dernière édition par le Mer 26 Sep - 22:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Chapitre 1   Liens de Sang. Icon_minitimeMer 26 Sep - 22:40

Liens de Sang

Prologue


La contée de Brokheart est dévastée par les guerres, les maladies et les batailles. Les gens deviennent paranoïaques, craignent les adeptes de sorcellerie et les puissants cavaliers qui détruisent les villages. Les villes se montent les unes contre les autres, le monde rapetisse et le roi, en sécurité sur sa péninsule, n'envisage rien pour sauver la contée. Le peuple doit être purgé et remis à neuf...

Chapitre I
Frères de sang


Je courais dans la nuit chaude à m'en rompre les poumons. Mes chaussures à minces semelles imbibées d'eau de la pluie qui s'abattait sur nous, mes longs cheveux noirs collés à mon visage et mes vêtements adhérés à ma peau, je martelais le sol de pas rageurs. J'essayais de maintenir la même vitesse que Lee, mon frère aîné, mais cela m'était impossible. Les jumeaux le suivaient de près et sur son dos, s'agrippait le petit Salem effrayé qui étouffait ses pleurs tandis que moi, le sang battant follement dans mes tempes, j'étais loin derrière eux et Lee ne semblait vouloir rien faire pour m'attendre. Les autres, je les entendais galoper derrière moi. Ces êtres imposants assis sur des montures terrifiantes; d'ignobles créatures aux yeux sombres profondément encrés dans leur orbite, aux membres maigres et décharnés d'une peau grise qui couraient à une vitesse exorbitante sur leurs quatre longues pattes agiles dotées de sabots. Leur tête était celle d'un reptile à la dentition aiguisée et leur corps mince leur permettait d'avancer plus rapidement. Ces monstres possédaient une queue très longue qui se recourbait sur elle-même et leur odorat s'étendait jusqu'à plusieurs kilomètres. Broken Valley était désormais loin derrière nous et notre seul échappatoire, c'était la forêt de Blackwood dans laquelle nous perdions haleine. Comment avaient-ils pu faire ça? Comment avaient-ils pu être aussi inhumains? Cela me paraissait tellement impossible...
Mes pied étaient douloureux et les larmes me piquaient les yeux. J'entendais toujours en écho les hurlements de mon père, les cris de ma mère en pleurs et l'ordre du roi. Je ne voulais pas croire qu'il avait demandé ça...

Après ce qui m'avait semblé des heures d'agonie, Lee s'arrêta pour s'accroupir dans une masse de buissons hauts et feuillus. Nous le suivîmes sans sa cachette. Les branches me déchiraient le visage et les épines me démangeaient, mais je pus enfin reprendre mon souffle. Mon grand frère déposa Salem sur le sol et sortit de son soulier un tissu blanc qu'il s'empressa de défaire pour en extirper une petite lame effilée. Je le regardai avec ébahissement et voulu dire quelque chose, mais rien ne sortit de ma gorge sèche. Je baissai la tête et la recouvrai de mes mains lorsque j'entendis le grondement des créatures qui approchaient. Elles passèrent près de nous et continuèrent leur chemin sous les ordres de leur cavalier. Je pris une profonde inspiration. Ces derniers ne nous avaient pas vus.
Lee, dont le teint pâle contrastait avec ses cheveux très sombres -semblables au miens et à ceux de mes frères- prit enfin la parole en murmurant si bas que je dû m'approcher pour comprendre.
-Écoutez-moi tous attentivement -Salem, cesse de pleurer.
Cesser de pleurer? Le pauvre n'avait que huit ans! Il ne pouvait pas s'en empêcher! Moi-même qui ai six ans de plus que lui, je sentais les larmes salées couler sur mes joues. Ou était-ce seulement la pluie? Je tendis les bras vers lui et le collai contre moi. Je l'entendais sangloter dans mon cou.
-Ils nous trouveront, continua Lee, si nous ne nous séparons pas. Les jumeaux, vous irez vers le Nord et Sam, tu te dirigeras vers l'Est avec Salem.
Je resserrai mon étreinte autour de celui-ci.
-Et toi, alors? lançai-je au grand garçon de seize ans qui me fixait de ses yeux noirs. Où iras-tu et avec qui?
Après un court moment de silence qui n'avait rien pour lui d'un instant de réflexion, il répondit:
-Je partirai seul, vers le Sud.
J'avais confiance en lui, c'était certain. Mais j'avais toujours eu la désagréable impression qu'il se surestimait beaucoup trop. Les jumeaux frissonnèrent l'un contre l'autre. Ils étaient trop terrifiés pour parler.
-Tu es cinglé! Pars avec eux! (je pointai du menton mes jeunes frères identiques) Ils sont jeunes de toute façon et ils auront besoin de toi.
-Non, Sam. Si nous somme trop nombreux, cela ne nous avantage pas. Tout ira bien pour moi. Maintenant, faites ce que je vous dis, fit-il sur un ton sans réplique.
Je ne pouvais rien ajouter. Cela ne mènerait à rien, je le savais. Il souleva son gilet sous nos regards intrigués et alors que je refoulai un cri de protestation, il se coupa la peau au niveau de la hanche droite. Mais qu'est-ce qui lui prenait? Lee n'avait jamais vraiment été saint d'esprit, mais il n'était pas fou au point de se mutiler devant nous. Il souleva ensuite le t-shirt de Salem et approcha de lui son couteau. Le petit avait les yeux fermés et ne se rendait compte de rien. Je l'éloignai en murmurant un ''non'' plutôt bruyant.
-Tu dois comprendre, m'expliqua l'autre. Si un jour, plus tard, nous nous retrouvons, il faut que nous sachions nous reconnaître.
Je restai interdit, protégeant de mes bras le fils cadet de mon père qui venait de mourir.
-La marque se cicatrisera. Sam, tu sais que j'ai raison.
Et c'était vrai. Mais je ne voulais pas l'avouer. Je relâchai très légèrement l'enfant et laissai Lee glisser la lame dans sa chair fraîche. Il fit de même aux jumeaux, puis, il me la tendit. Il voulait que je me le fasse moi-même... À contrecœur, je m'en emparai, découvrais ma hanche et me dessinai un petite entaille saignante qui brûlait comme le feu. Je lui remis ensuite le couteau dans une grimace de douleur.
-Maintenant, filez, conclu-t-il.
Il poussa les deux autres à s'enfuir et me fit signe de les imiter. Je lui lançai un dernier regard suppliant avant de soulever Salem et de me remettre à courir.
Mes jambes étaient épuisées et me faisaient souffrir. La pluie rendait le sol boueux et j'aurais donné n'importe quoi en ce moment pour avoir des vêtements secs. Une fois que je me fus suffisamment éloigné, je déposai le gamin sur le sol mouillé et m'étendis à ses côtés, l'entourant de mes bras. Je grelottais de froid et j'avais peur. Qu'allait-il m'arriver, maintenant? Comment pourrions-nous nous en sortir? J'entendis des cris venant de loin. Des voix familières s'époumoner. Ils avaient les jumeaux. Et du coup, la moitié de ma famille sera morte, cette nuit.

Ma mère chantonnait tout en versant dans une tasse de porcelaine blanche comme la pureté même un thé liquide et fumant qui s'échappait de notre théière très ancienne. Elle avait appartenue à mes arrières-arrières grands-parents et elle était précieuse à nos yeux. Mon père, Aurior, remerciait sa femme de ses bons services et pigea sur la planche de pain frais coupé une tranche à la croûte épaisse à la mie moelleuse. Sans qu'il le sache, Hanah lui lança un regard noir avant de se diriger vers la chambre de ses enfants pour les avertir que le goûter était servit. Cinq garçons sortirent de la petite pièce piteusement aménagé. Ils avaient beau être pauvre, ils étaient heureux et ce, tant qu'ils ignoraient les problèmes de leurs parents. L'un d'eux, le plus vieux, avait des yeux intelligents et une façon toujours irréprochable de faire les choses. Il était brillant, futé, rapide et calculait tout. Et pourtant, sa mère le craignait parce qu'elle trouvait anormal qu'à son âge, on sache tant de choses. Surtout parce qu'il ne posait jamais de questions. Le médecin de Broken Valley l'avait aussi avertit qu'il n'était pas comme les autres et que cela dépendait sans doute d'un trouble mental. Le deuxième enfant était un peu plus petit que son aîné et s'inquiétait toujours pour les autres. Le bien de ceux qu'il aimait était très important et il se préoccupait d'abord de ce que sa famille voulait avant lui. Le cœur généreux, il offrait fréquemment son aide à ses parents pour la cuisine, les travaux, le ménage et ces derniers l'adoraient. Deux d'entre les cinq fils étaient parfaitement identiques. Ils étaient timides et ne parlaient presque jamais et lorsque c'était le cas, ils le faisaient de façon impeccablement synchronisé. Tandis que le dernier, le plus jeune et le plus adorable, lui, voulait toujours tout savoir. De nature curieuse, il posait souvent trop de questions et les gens négligeaient parfois de lui répondre. Mais alors que les merveilleux enfants s'apprêtaient à s'asseoir à table, on frappa brutalement à la porte. Poussant un long soupir d'exaspération, Hanah alla répondre. Elle n'eut pas ouvert entièrement la porte qu'elle se fit brusquement pousser par un homme très gras à l'aspect sévère, encadré de deux cavaliers vêtus d'armures sous une large et ample cape noire. L'homme possédait à ses doigts un nombre indéchiffrable de bagues dorés et ornés de diamants et un habit bleu flamboyant doté de boutons et d'ornements or et argent étincelants à la lueur des chandelles. Son ventre rond était si énorme qu'il prenait à lui seul une bonne partie de la cuisine. Les jeunes reconnurent alors le roi de la contée. Il brandit dans ses mains dodues un rouleau de parchemin que l'un des gardes prit avant de le dérouler grossièrement et de le lire à haute voix.
<<À monsieur Aurior, fils de Saur.
Vous avez été aperçu, à l'aube du 13 juillet dernier à concocter une potion dont l'origine des ingrédents nous est encore inconnue. Notre source nous a affirmés vous avoir entendu prononcer des paroles étranges et que cela aurait fait réagir la mixture dans laquelle vous vous affairiez. Pris de panique, cette même source nous en a avisé le soir-même et votre châtiment a été rédigé dans les plus brefs délais. Vous êtes accusés de sorcellerie et nous vous informons donc, monsieur le fils de Saur, que vous êtes en cette soirée du 15 juillet, condamné à mort dès lors que la lune atteignera sept heures, dans le ciel.>>
-Veuillez me suivre, Aurior, ajouta le roi.
La famille à l'intérieur de la maisonnée resta bouche bée. La femme du condamné devint alors hystérique.
-Vous ne pouvez pas l'accuser comme ça, sans preuves!
-Madame, je suis roi de Brokheart. Je peux très bien le faire.
Ils emmenèrent alors le père des cinq enfants qui n'avaient comme option que de regarder leur mère pleurer, à genoux sur le sol.

Je m'éveillai complètement dévasté. Je venais de revivre pour la deuxième fois, mais en cauchemar, l'arrestation de mon père. Je me mis à avoir peur que ce rêve hante à jamais mes nuits et que je ne connaisse plus que le sommeil tourmenté. Je ne parvins pas à me rendormir, craignant voir à nouveau dans mes songes les évènements de la veille. Quelques heures plus tard, le soleil étant toujours caché derrière l'épaisse masse de nuages gris, je m'assied et frottai mes yeux rougis par la fatigue. Mes doigts en furent mouillés de larmes. J'entendis des voix plus loin. Il nous fallait fuire à tout prix. Je me souvins des cris lancés par mes deux jeunes frères la nuit passé et un liquide salé parvint jusqu'à mes lèvres. Lee s'en était-il sortit, lui? Et où était-il, maintenant? Je secouai doucement Salem qui ouvrit ses grands yeux injectés de sang. Je savais bien qu'il était épuisé - et peut-être même plus que moi- mais nous n'avions pas le choix.
-Salem, mon grand, lui dis-je d'une voix tendre, nous devons partir. Lève-toi.
Il se redressa sur son séant, ses mèches folles ébouriffés sur sa tête. Je l'aidai ensuite à le mettre sur ses pieds et étirai mes bras vers le ciel nébuleux. J'avais toujours l'impression que ce que je venais de vivre n'était qu'un affreux malentendu et que ma mère s'approcherait dans quelques minutes pour m'apporter mon petit déjeuner.
-Sam, tu as de l'or?
Décidément, il était plus intelligent que je le pensais.
-Non, répondis-je avec difficulté. Mais ça va aller. Viens.
Doucement, j'enlaçais ses petits doigts autour de miens et me dirigeai vers l'Est de la forêt, comme me l'avait indiqué mon aîné. Les arbres nous abritaient et il ne pleuvait plus, mais nos vêtements étaient entièrement détrempés. Heureusement, la température ne devait pas être en dessous de vingt degrés.

...
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MessageSujet: Re: Liens de Sang.   Liens de Sang. Icon_minitimeMer 26 Sep - 22:45

Chapitre 1
Suite...


Après une avant-midi entière de marche, l'estomac dans le plancher, nous arrivâmes dans une ville plus ou moins développée. Un écriteau de bois blanc, bien entretenu et placé en évidence indiquait <<Sunrise City>> dans une longue écriture fine et penchée vers la droite. Des petits chalets étaient alignés les uns près des autres et à chaque coins de rues, un puit de brique au toit de tôle engouffrait une bonne quantité d'eau fraîche. La chose la plus évidente, dans cette petite ville, c'était que tout était d'une propreté exemplaire. Il n'y avait pas la moindre moisissure sur les murs des maisonnettes, aucunes toiles d'araignées sur les carreaux de fenêtres étincelants et les jardins ne comportaient guère une trace de mauvaises herbes. Les femmes marchaient dignement, le chignon haut et la robe satinée d'un blanc immaculé. Leur maris, eux, vêtus fameusement d'une chemise bien enfoncé dans leur pantalon monté à la taille, leur tenait le bras dans la plus excellente des galanteries. Je commençais à penser qu'on nous jetterait dehors à coups de balais, nous qui étaient sales de boue jusqu'aux coudes et habillés des vêtements banals venant de Broken Valley. Et pourtant, une femme portant une grande robe de satin rose, fleuris et bouffante vint nous adresser la parole d'une voix fière et hautaine.
-Eh bien, des villageois! Je suppose que vous venez trouver un foyer?
Elle n'était pas très vieille, mais son regard froid et fière donnait l'impression qu'elle était dix ans plus âgée. Aucun homme ne soutenait sa main grasse mais une jeune fille beaucoup plus maigre qu'elle, probablement sa servante, restait derrière et sursautait à chaque mouvements de la dame. La domestique portait une robe grise sous un tablier blanc et ses cheveux tirés vers l'arrière reluisaient de gel. Évidemment, c'était tentant de demander un endroit où vivre. Mais les gardes étaient à nos trousses et il serait imprudent de rester de façon permanente au même endroit.
-Non, nous sommes de passage... répondis-je timidement.
La plus grosse lança alors d'une voix sèche:
-Et bien venez chez nous. Ariel vous donnera bien quelque chose si cette pauvre empotée apprend un jour à le faire. Ariel!
La jeune fille rousse s'inclina très bas tout en murmurant un ''oui, madame'' effrayé. Elle nous fit signe de la suivre et nous marchions ainsi sur ses talons jusqu'à une très grande demeure chaleureuse. Elle nous fit pénétrer dans le hall décoré d'un tapis écarlate et de cadres dorés. La dénommée Ariel nous conduit ensuite dans sa cuisine d'une luxure inconcevable. Sa maîtresse ne nous avait pas accompagné.
-Asseyez-vous, fit-elle d'une voix timide en nous démontrant deux chaises.
Et alors que nous prenions place, elle remplit deux tasses de quelques choses qui dégageait une fumée à l'odeur sucré. Elle poussa vers nous la vaisselle remplit à rabord d'un thé noir et je trouvai tout de suite que c'était inapproprié d'offrir cette boisson à mon jeune frère. Comme je l'avais deviné, celui-ci n'y toucha pas et se contenta d'observer la domestique s'affairer dans la nourriture avec ses profondes iris bleutées humides sous ses cheveux noirs en bataille. Moi, qui étais trop assoiffé pour me plaindre de ce qu'on nous offrait, je pris deux longues gorgées du liquide bouillant que je sentis couler le long de mon eusophage pour me brûler l'intérieur. Quelques instants plus tard, la jeune femme apporta sur la table recouverte d'une nappe bourgogne un plateau dans lequel deux bols comportant un liquide orangé s'entrechoquaient puis un petit panier d'osier débordant de pain grossièrement tranché. Salem s'attaqua au repas qu'elle nous offrait sans même prendre la peine de la remercier ou de me demander mon avis. Je me sentis un peu gêné de son impolitesse et je décidai de le faire à sa place.
-Merci beaucoup pour tout, nous ne vous embêterons pas longtemps...
Elle se contenta d'acquiescer en secouant frénétiquement la tête d'un air presque apeuré. Je pris un morceau de pain et mordais la croûte qui n'avait jamais goûté aussi bon sur ma langue. Après avoir avalé un peu de ma soupe au goût affable- décidément elle n'était pas une très bonne cuisinière- je décidai que le silence devenait insupportable. Ariel fixait avec intensité le fond noir de sa tasse et ne prononçait pas le moindre mot.
-Elle vous traite toujours comme ça? demandai-je de but en blanc.
Elle leva la tête vers moi et ses yeux devinrent plus ronds que ce n'était possible.
-Vous pouvez me le dire, il n'y a que moi et Salem, ici.
Elle hocha la tête avec angoisse. Ne lui arrivait-il jamais de parler?
-Pourquoi travaillez-vous pour elle, alors?
Elle laissa échapper un drôle de sanglot et murmura entre ses mains:
-Ma maîtresse, si je lui retire mon service, est capable d'ordonner ma mort. Elle a beaucoup d'influence...
Puis, elle s'interrompit et posa ses deux paumes contre sa bouche comme si elle avait commit la pire erreur de sa vie en prononçant ces mots. Je voulu lui dire qu'elle ne risquait rien mais elle redevint brusquement très calme et demanda aussi farouchement en désignant d'un doigt croche la boisson de mon frère:
-Peut-être désire-t-il autre chose à boire?
Je fus saisis par cette étrange réaction, mais je répondis le plus banalement que possible:
-De l’eau lui suffira.
Elle se leva et ramassa la tasse encore pleine de Salem mais en renversa le contenu sur la table d’un geste maladroit. Ses orbites s’arrondirent à nouveau et elle lança le verre en porcelaine dans l’évier en émettant un étrange cillement sans doute dû à la panique.
-Elle va me tuer! Elle va me tuer!
Je me levai alarmé par ses cris afin de lui venir en aide, mais je n’avais aucune idée de ce qu’il convenait de faire. J’avais la vague impression qu’elle avait fait exprès de répandre le thé sur la splendide nappe propre pour se venger de nous parce qu’on lui donnait du travail supplémentaire. À travers cette agitation, je mis du temps à remarquer que mon frère m’appelait par mon nom. Je me retournai vers lui et il me pointa du regard la fenêtre. Je m’y approchais, alors qu’Ariel était toujours au bord de la crise de nerfs et vis avec horreur que les monstrueuses bêtes, chevauchés de cavaliers armés galopaient dans notre direction. Nous ne devions pas nous faire repérer. Je posai ma main contre la bouche de la servante et lui murmurai:
-Écoutez, nous somme recherchés. Il nous faut un endroit où se cacher. Si vous hurlez, votre maîtresse saura que vous commérez dans son dos.
Je détestais être aussi dur, mais c’était une question de vie ou de mort. Nous devions nous cacher. Mon cœur palpitait follement contre ma poitrine. Le bruit de leurs pas résonnaient en écho dans ses battements. Je retirai ma main pour lui permettre de nous donner une quelconque directives et elle me souffla:
-Dans la cave.
Elle prit les devants, ouvrit une porte qui menait à un escalier sombre et descendit aussi vite qu’elle le put dans les ténèbres du sous-sol. Je me penchai au-dessus des marches. La noirceur y était opaque. Je tendis ma main à Salem sans le regarder, mais il ne la prit pas. Regardant toujours en bas, je lui dis précipitamment:
-Allez! Dépêches-toi! Je les entends, ils arrivent!
Je n’obtins aucune réponse. Je détournai le regard et tombai face à face avec... l’une des créatures. Son haleine répugnante s’étendit jusqu’au fond de mes poumons. Ses yeux creux et globuleux refletaient mon visage tremblant. J’eu un raté et mon réflexe fut de me précipiter dans l’escalier en refermant la porte derrière moi. Mais alors que mes pieds dévalaient l’étage, je me souvins que mon frère était toujours en haut. Je fis volte-face et remontai les marches avant d’ouvrir la porte. La cuisine était déserte.

Comment cela était-il possible? Le monstre était là, il y avait à peine quelques secondes! Et pourtant, la pièce était dans le même état que je l’avais laissé. Les chaises étaient tirées, le thé gouttait le long de la nappe au plancher ciré, les bols de soupe restaient à moitiés vides. Où était Salem? Et comme un parfait idiot, je me mis à crier son nom de toute la force que j’en étais capable.
-SALEM! SALEEEM!
Mais je savais qu’il ne m’entendait plus. Les gardes avaient certainement dû le tuer... Je perçus alors des cris venant de dehors. Je courus dans le hall, ouvris la porte à la volée et sortis sur le palier. Ils étaient là et ils l'emportaient dans leurs bras, hurlant à la mort tel un loup à la pleine lune. Il n'était pas mort. Pas encore, du moins. Que pouvais-je faire? Si je les poursuivais, ce serait totalement idiot puisque je me ferais attraper à mon tour. Mais si je restais là, j'étais certain de ne plus jamais revoir Salem. Mon petit Salem que j'aimais tant. Je ne m'en étais pas rendu compte avant aujourd'hui, mais il était l'être à qui je tenais le plus au monde. Et voilà qu'il me quittait. Mon pauvre Salem...

J'avais continué mon chemin à travers la forêt. Je marchais comme un ivrogne sans vraiment savoir où aller. Mes pieds me guidaient là où ils avaient envie d'aller, puisque ma tête ne réagissait plus à rien. Je n'étais plus rien. Une coquille vide. Un trou béant. Les heures s'écoulaient comme des minutes et je ne voyais rien arriver. J'aurais tout fait pour apercevoir une lumière magique s'étendre vers moi à tout moment, là où la douleur ne serait plus raison d'être. J'avais envie de quitter ce monde. Si seulement j'avais l'espoir qu'ils ne l'avaient pas tués. J'entendais une mélodie dans ma tête. Étais-je en train de mourir? Sans doute pas. Car la mort ne devait pas faire aussi mal. Je me rappelai une légende que ma mère me racontait souvent lorsque j'allais au lit. C'était l'histoire de trois créatures. L'une d'elle s'appelait Elkund, l'autre Solvath et la dernière Draug. Elkund était très laid et rejeté de tout les habitants de la forêt de Blackwood. Solvath, elle, égalait la beauté même. Nul n'aurait pu lui trouver défault. Sa gentillesse était telle qu'elle était la seule à accepter le pauvre Elkund. Et Draug était le seul à connaître sa propre existence. En fait, il était un arbre qui savait penser, parler et réfléchir. Un jour, Elkund eut un différent avec la belle Solvath et dû pleurer seul dans un coin, n'ayant pas d'amis à qui se confier. Draug qui était l'arbre sur lequel il s'était appuyé, lui dit alors que lui, pouvait garder n'importe quel secret et que s'il brisait sa promesse, il serait condamné à devenir l'objet qu'il était sans artifice; un simple arbre au tronc élancé et aux feuilles rongées. Elkund lui déclara alors qu'il était secrètement amoureux de la jeune Solvath et qu'il voulait mourir pour lui prouver son amour. Quelques jours plus tard, Solvath passa près de l'arbre qu'était Draug et entendit ce dernier lui murmurer que lui pouvait garder n'importe quel secret et que s'il brisait sa promesse, il serait condamné à devenir l'objet qu'il était sans artifice; un simple arbre au tronc élancé et aux feuilles rongées. Solvath lui déclara donc qu'elle était secrètement amoureuse d'Elkund et qu'elle ne voulait plus avoir d'embrouilles avec lui. Draug jugea que le pauvre Elkund ne devrait pas mourir puisque son amour pour elle était réciproque et décida bravement de rompre sa promesse et de dire à Solvath ce qu'il savait. Le secret brisé, il devint alors un arbre sans la moindre intelligence. Elkund, qui découvrit ce qui s'était passé en comprenant que Draug n'était plus, entra dans une terrible colère et tua la belle Solvath avant de se tuer lui-même. Depuis ce jour, on dit qu'il y a dans la forêt de Blackwood des monstres que l'on appelle Elkund, les créatures Obscures, Solvath, les créatures de Lumières et Draug, les créatures Gardiennes des secrets - ceux-ci pouvant avoir la forme de n'importes quels objets.


Et si cette légende était vrai? Je ne serais pas le seul sous la ramure de Blackwood. Je me sentis m’effondrer sur le sol et mon visage se cala dans la terre humide. Combien de temps restai-je ici? Je n’en avais pas la moindre idée. Mais au fond, cela ne changeait plus rien. Les gardes m'auraient trouvé que j'en aurais été réjouis. Je n'avais plus faim et je n'étais plus fatigué. Du moins, je ne le ressentais pas. Je ne sentais que la culpabilité. J'étais tellement coupable... J'avais été lâche. Pour la seule fois de ma vie, je n'avais pensé qu'à moi. Et cela m'avait coûté la vie d'un proche. Celui que j'aimais plus que tout. Je regrettai ne pas avoir fait plus attention à lui. Si seulement je n'avais pas été à ce point égoïste... J'aurais peut-être pu le sauver plutôt que de fuir. Désormais, quelque chose de douloureux me dévorait l'intérieur.
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